mardi 24 novembre 2015

Saint Lazare Végas
Saint Lazare Végas est une pièce de théâtre d'Emmanuel Dupuis; elle s'appelait auparavant Le Photomaton. Cette pièce a permis notre rencontre en 2002. Emmanuel me l'avait fait parvenir par l'intermédiaire de Cécile et Marie, nos compagnes respectives à l'époque collègues de travail. Ces années là, nous animions avec mon amie Karine Halpern et un groupe de comédiens, le "Groupe de lecture" qui mettait en place dans des lieux les plus divers des lectures afin que des auteurs puissent entendre leur texte pour la première fois dans la bouche de comédiens. J'ai mis en place une lecture du Photomaton après l'avoir testée en atelier et en avoir prévenu l'auteur. C'est ainsi qu'Emmanuel est venu écouter sa pièce lue par des comédiens confirmés dans la cave d'un squatt du 18ème arrondissement; c'est ainsi aussi qu'a débutée une aventure commune oscillant entre amitié et compagnonnage de travail. Cécile Moatti et Emmanuel Dupuis dirigent la structure de production SENDSUDSOU, Cécile codirige par ailleurs le théâtre Essaïon; nous avons pu grâce à cela mener à bien des aventures théâtrales joyeuses et entousiasthes: Courts Scénages, Les Baleines sur la Seine, Trios, Le Grand Loup et la Petite Cuillère...
Nous avions décidé de laisser "le Photomaton" de coté; la pièce étant appréciée d'acteurs ayant une certaine renommée dans le monde théâtral, cela pouvait lui donner une audience plus importante si ceux ci s'en emparaient. Et puis à force d'attendre... Nous avons commencé à travailler dessus quelques jours par mois avec un groupe d'acteur polymorphe, Emmanuel a continué son travail d'auteur, le titre a changé... et, voici quelques mois, Emmanuel et Cécile m'ont proposé de monter, avec SENDSUDSOU et le Collectif Impatience, ce qui est aujourd'hui Saint Lazare Végas sans attendre plus longtemps.
Vous ne saurez rien du contenu de la pièce avant de l'avoir vu, je l'espère, en septembre prochain au théâtre Essaïon où elle sera créée. Vous aurez seulement des éléments contextuels; elle se passe dans une gare et l'un des personnages est un Photomaton. La fondation SNCF a été sollicitée pour aider une classe de CAP chaudronnerie du Lycée Jean Rostand de Mantes la Jolie à fabriquer le photomaton de leur rêve qui figurera sur la scène du théâtre. Les coups de coeur Solidaires de la SNCF financent l'achat du matériel nécessaire à la fabrication et des interventions du scénographe, Gad Cohen, et du metteur en scène, Bibi. Le projet a été exposé à la classe lors d'une première visite le 5 octobre; poussés par leur professeur, Arnaud Eybert Bérard, les élèves se sont tout de suite mis à dessiner les images d'un Las Végas fantasmé, vu par la lorgnette d'internet. Des sources d'inspiration leur ont été donnés: les ébauches de costume réalisés par Lucie Marquis, la costumière du spectacle, des photos d'oeuvre de Jean Michel Basquiat, des masques de carnaval des montagnes suisses, des images d'architecture des casinos de Las Végas... Les dessins réalisés par les élèves pourvoieront à donner des idées pour orner le Photomaton. Celui-ci est destiné à être l'élément central de la scène. Avant cela, il est prévu une présentation du photomaton dans la gare Saint Lazare. Lors de cette première séance, les élèves ont aussi montré toutes les possibilités offertes par leur atelier, notamment en soudure. Puis, après une seconde visite de courtoisie avant les vacances de la Toussaint, Gad Cohen est passé le 2 novembre avec une esquisse de photomaton inspirée des dessins des élèves: un photomaton $ (dollar) surmonté d'une étoile. Il a ensuite travaillé avec les élèves à la faisabilité des dessins choisis destinés à figurer sur le photomaton. Il a pris connaissance de l'atelier et les élèves se sont fait un plaisir de lui montrer leur outillage et son utilisation.

Il faudrait nommer tous les élèves; le travail est stimulant à leur coté. La création de la pièce prend d'autres couleurs. Ils ont très envie de la présentation de leur photomaton dans le hall de la Gare Saint Lazare et attendent le jour de cette installation. L'interlocutrice de la SNCF en a bien conscience mais elle est freinée par les événements récents: une solution doit être trouvée! C'est une obligation morale.
Parallèlement à cette approche scénographique, la distribution avance, pas toujours dans le bon sens mais elle avance. Une comédienne a été rencontrée vendredi 20 novembre; elle serait une assistante sociale parfaite, une femme idéale et pourquoi pas une artiste en résidence? La fabrication se fait comme un puzzle inattendu. Les éléments s'emboîtent souvent par occurence. Un comédien contacté en octobre a décliné la proposition, dommage: son énergie aurait été parfaite pour la pièce; nous serions rentrés dans le jeu sans réfléchir, évitant des écueils de sens. Les garde-fous sont nécessaires pour parler de l'essentiel. Cette question de l'essentiel est lancinante: il devient insaisissable. Peut-être n'a-t-il jamais été saisissable?

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