Saint
Lazare Végas
Saint
Lazare Végas est une pièce de théâtre d'Emmanuel Dupuis; elle
s'appelait auparavant Le Photomaton. Cette pièce a permis
notre rencontre en 2002. Emmanuel me l'avait fait parvenir par
l'intermédiaire de Cécile et Marie, nos compagnes respectives à
l'époque collègues de travail. Ces années là, nous animions avec
mon amie Karine Halpern et un groupe de comédiens, le "Groupe
de lecture" qui mettait en place dans des lieux les plus divers
des lectures afin que des auteurs puissent entendre leur texte pour
la première fois dans la bouche de comédiens. J'ai mis en place une
lecture du Photomaton après l'avoir testée en atelier et en
avoir prévenu l'auteur. C'est ainsi qu'Emmanuel est venu écouter sa
pièce lue par des comédiens confirmés dans la cave d'un squatt du
18ème arrondissement; c'est ainsi aussi qu'a débutée une aventure
commune oscillant entre amitié et compagnonnage de travail. Cécile
Moatti et Emmanuel Dupuis dirigent la structure de production
SENDSUDSOU, Cécile codirige par ailleurs le théâtre Essaïon; nous
avons pu grâce à cela mener à bien des aventures théâtrales
joyeuses et entousiasthes: Courts Scénages, Les Baleines sur la
Seine, Trios, Le Grand Loup et la Petite Cuillère...
Nous
avions décidé de laisser "le Photomaton" de coté; la
pièce étant appréciée d'acteurs ayant une certaine renommée dans
le monde théâtral, cela pouvait lui donner une audience plus
importante si ceux ci s'en emparaient. Et puis à force d'attendre...
Nous avons commencé à travailler dessus quelques jours par mois
avec un groupe d'acteur polymorphe, Emmanuel a continué son travail
d'auteur, le titre a changé... et, voici quelques mois, Emmanuel et
Cécile m'ont proposé de monter, avec SENDSUDSOU et le Collectif
Impatience, ce qui est aujourd'hui Saint Lazare Végas sans
attendre plus longtemps.
Vous
ne saurez rien du contenu de la pièce avant de l'avoir vu, je
l'espère, en septembre prochain au théâtre Essaïon où elle sera
créée. Vous aurez seulement des éléments contextuels; elle se
passe dans une gare et l'un des personnages est un Photomaton. La
fondation SNCF a été sollicitée pour aider une classe de CAP
chaudronnerie du Lycée Jean Rostand de Mantes la Jolie à fabriquer
le photomaton de leur rêve qui figurera sur la scène du théâtre.
Les coups de coeur Solidaires de la SNCF financent l'achat du
matériel nécessaire à la fabrication et des interventions du
scénographe, Gad Cohen, et du metteur en scène, Bibi. Le projet a
été exposé à la classe lors d'une première visite le 5 octobre;
poussés par leur professeur, Arnaud Eybert Bérard, les élèves se
sont tout de suite mis à dessiner les images d'un Las Végas
fantasmé, vu par la lorgnette d'internet. Des sources d'inspiration
leur ont été donnés: les ébauches de costume réalisés par Lucie
Marquis, la costumière du spectacle, des photos d'oeuvre de Jean
Michel Basquiat, des masques de carnaval des montagnes suisses, des
images d'architecture des casinos de Las Végas... Les dessins
réalisés par les élèves pourvoieront à donner des idées pour
orner le Photomaton. Celui-ci est destiné à être l'élément
central de la scène. Avant cela, il est prévu une présentation du
photomaton dans la gare Saint Lazare. Lors de cette première séance,
les élèves ont aussi montré toutes les possibilités offertes par
leur atelier, notamment en soudure. Puis, après une seconde visite
de courtoisie avant les vacances de la Toussaint, Gad Cohen est passé
le 2 novembre avec une esquisse de photomaton inspirée des dessins
des élèves: un photomaton $ (dollar) surmonté d'une étoile. Il a
ensuite travaillé avec les élèves à la faisabilité des dessins
choisis destinés à figurer sur le photomaton. Il a pris
connaissance de l'atelier et les élèves se sont fait un plaisir de
lui montrer leur outillage et son utilisation.
Il
faudrait nommer tous les élèves; le travail est stimulant à leur
coté. La création de la pièce prend d'autres couleurs. Ils ont
très envie de la présentation de leur photomaton dans le hall de la
Gare Saint Lazare et attendent le jour de cette installation.
L'interlocutrice de la SNCF en a bien conscience mais elle est
freinée par les événements récents: une solution doit être
trouvée! C'est une obligation morale.
Parallèlement
à cette approche scénographique, la distribution avance, pas
toujours dans le bon sens mais elle avance. Une comédienne a été
rencontrée vendredi 20 novembre; elle serait une assistante sociale
parfaite, une femme idéale et pourquoi pas une artiste en résidence?
La fabrication se fait comme un puzzle inattendu. Les éléments
s'emboîtent souvent par occurence. Un comédien contacté en octobre
a décliné la proposition, dommage: son énergie aurait été
parfaite pour la pièce; nous serions rentrés dans le jeu sans
réfléchir, évitant des écueils de sens. Les garde-fous sont
nécessaires pour parler de l'essentiel. Cette question de
l'essentiel est lancinante: il devient insaisissable. Peut-être
n'a-t-il jamais été saisissable?
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