jeudi 20 avril 2017

20 Avril 2017

Le temps a filé, Saint Lazare Vegas a vécu une première vie au Théâtre Essaïon. Elle sera racontée plus tard, à l'orée d'une autre étape.

Ce blog reprend pour s'essayer à la critique écrite. Le collectif Impatience a proposé un temps des critiques performées; c'était à chaque fois des aventures passionnantes. A défaut de continuer sous forme de performance, l'écriture fera l'affaire.



JARDINS SUSPENDUS de  Camille DAVIN au théâtre de Belleville.

Le synopsis

Jardins suspendus raconte l’histoire d’un homme qui s’échappe. De lui-même, de son passé. C’est un « johatsu », un évaporé comme on dit au Japon. De ceux qui partent sans rien dire.
 Il arrive à Paris et erre dans la ville à la recherche de lui-même mais il est poursuivi par ses pensées et les voix de ceux qu’il a laissés. À Paris, il suit une femme et arrive dans un cours de peinture où trois femmes peignent. Il devient modèle pour le cours et objet de toutes les attentions. La trace du pinceau relie ces êtres entre eux, vestige de ces moments suspendus, hors du temps, gagnés sur la mort.

 Ce spectacle mélange théâtre et dessin en direct. 



Camille Davin était venue à la Métive quelques jours pendant l'été 2015 pour écrire une partie de son spectacle; elle y avait reçu un accueil chaleureux du village de Moutier d'Ahun et notamment de son maire Jean Claude Trunde qui lui avait ouvert la porte; elle en garde un bon souvenir. Le texte reçu déjà bien avancé qui accompagnait sa demande était plein de promesses. Elles sont tenues dans le spectacle.

Le spectateur y suit chaque personnage dans son chemin intérieur, sans jugement. L'évaporé sert de révélateur à chacune autant qu'elles le révèlent tour à tour à lui-même . Les quatre personnages reprennent consistance sous nos yeux, avec finesse, très bien accompagnés par un musicien et le dessinateur. Le tout forme une toile vivante qui se construit le temps du spectacle. Même les esquisses de personnage secondaire y sont regardés avec empathie.

Superbement servi par les comédiens et la simplicité de la scénographie, le texte nous parle au creux de l'oreile, sans tapage, de nos choix, des ruptures, de la perte, des histoires quotidiennes nouées et dénouées qui font le sel de nos vies. Comment se reconstruire?

Jardins suspendus possède cette qualité rare de nous faire regarder à niveau, sans ironie, les relations créées sur le plateau. Nous y sommes conviés sans y être dirigés vers une pensée établie par avance.





Texte et mise en scène Camille Davin

Avec Romain Blanchard, Jana Klein, Esther Marty Kouyaté et Daniela Molina Castro 

Musicien Léo Flank

Live-painting Fumihiro Ueoka

Scénographie Camille Olivier

Lumières Jimmy Boury  

Vidéo Camille Entratice

Assistanat à la mise en scène Léa Pheulpin 

Production Compagnie ia 

Avec le soutien de la Spedidam et d'Arcadi Île-de-FranceAvec le soutien à la résidence de la Friche/Amin Théâtre, de la Ferme du Buisson et de Mains d'Œuvres 

Remerciements à l'Association À l'Avenir et à Monika Seidel Moreau 


Durée 1H20

samedi 12 décembre 2015

Une première séance de travail théâtral doit avoir lieu mercredi 16 décembre avec les élèves et le professeur de français. Quelle question se poser avec eux? Ce peut être, comme le suggérait la comédienne.: comment faire une fin optimiste ?
L'image des sacs plastiques, des "pochons" gonflés de vent, sur lesquels seraient projetés des vagues s'échouant sur une grève, est entêtante. Elle est sans rapport avec le projet. Déjà, lors d'une mise en scène précédente d'un texte d'Emmanuel Dupuis, le spectacle se terminait par une chanson sans rapport apparent avec la pièce. C'était la fin de Les Baleines sur la scène et la chanson La Mort de l'eau de Sophie Terrol. Là comme ça, il ne reste aucun souvenir de ce qui se passait à la fin de la pièce. Mais de la fin du spectacle oui avec cette chanson alarmiste, visionnaire et angoissante. Mais peu de spectateurs ont vu le spectacle; rien de grave à cette fin ratée, c'est dommage pour la chanson qui mérite plus que cela.
Quelle est la fin de la pièce Saint Lazare Végas? L'un des deux personnages principaux doit faire un choix, connait-on la résolution de ce choix? Pas vraiment, c'est indécis. À la mise en scène de choisir, ou pas... Donc elle choisira.
Frappante la publicité pour ACCORHOTELS ARENA placardée sur les murs dans les stations de métro quand le voyageur la découvre un mercredi 18 novembre 2015 à 5h50, cinq jours après un attentat terroriste meurtrier (inutile de donner les chiffres: les dates suffisent ). L'impression prend tout son relief quand 3 heures plus tard, la nouvelle parvient aux oreilles de ce voyageur qu'au même instant avait lieu un assaut dans Saint Denis, ville traversée juste avant la découverte des affiches sur lesquelles le slogan "LE SEUL LIEU OÙ LES HOMMES SE BATTENT POUR VOUS" hurlait, jurait, invectivait les usagers du métro. Citation personnelle: 
"Quand

Ce qui relie

Sépare"

jeudi 3 décembre 2015

...Baudelaire...
Le rendez-vous a été fixé avec la comédienne le 19 novembre devant la boutique Yves Rocher de la gare Saint Lazare. Nous nous connaissions mais ne nous étions pas revu depuis quelques années. C'est elle qui a fixé le lieu de rendez-vous, sa ligne de train l'amène directement à la gare; elle habite maintenant Pontoise, la dernière fois elle habitait Longjumeau. Elle est passée une première fois de dos devant la boutique, tout de suite reconnaissable avec son manteau coloré, son port de tête si singulier, puis s'est retournée et nous nous sommes reconnus. Elle devait profiter de son passage par Paris pour rendre des guirlandes lumineuses à une amie qui est arrivée dans la foulée. Puis nous nous sommes retrouvés tous les deux attablés devant un thé à une enseigne populaire à coté de la gare. Elle a lu le texte et parle de ses prévenances quant à la morale finale: elle pense qu'il faut une note finale positive, plus positive que celle que laisse entendre le texte. Elle connait bien la problématique des sans domicile et veut participer à un projet délivrant un message d'espoir à leur endroit. C'est possible, par la mise en scène, par la conviction des acteurs, par le travail, et sans couper le texte. C'est même possible en gardant l'image finale apparue ces derniers temps d'un amas de sacs plastiques emporté par le vent sur lequel est projetée une vague, un océan, une tempête, une grève marine... Oui elle peut-être une assistante sociale, une artiste en résidence parfaite.
Le lendemain samedi 20 novembre nous nous retrouvons chez Emmanuel Dupuis, l'auteur, et Cécile Moatti, la productrice avec Gad Cohen, décorateur-scénographe, et Lucie Marquis, costumière. Cela fait petite équipe, noyau dur qui se réunit pour la première fois. Gad présente le travail réalisé en conception, ses idées de photomaton, comment nous allons travailler avec la classe...

vendredi 27 novembre 2015

Aujourd'hui, les poètes ont la responsabilité politique du verbe, et de le porter haut. Mais dans quelle langue? Elle doit être universelle. Si tout le monde comprend un peu d'anglais, alors... Il faut relire Shakespeare, relire Macbeth qui a su d'aussi près cerner la pulsion du meurtre et du chaos. Où prendrons nous la force d'accueillir les meurtriers à l'heure de leur retour dans la société des hommes si ce n'est dans la parole des poètes? Char, Hugo...

mardi 24 novembre 2015

Saint Lazare Végas
Saint Lazare Végas est une pièce de théâtre d'Emmanuel Dupuis; elle s'appelait auparavant Le Photomaton. Cette pièce a permis notre rencontre en 2002. Emmanuel me l'avait fait parvenir par l'intermédiaire de Cécile et Marie, nos compagnes respectives à l'époque collègues de travail. Ces années là, nous animions avec mon amie Karine Halpern et un groupe de comédiens, le "Groupe de lecture" qui mettait en place dans des lieux les plus divers des lectures afin que des auteurs puissent entendre leur texte pour la première fois dans la bouche de comédiens. J'ai mis en place une lecture du Photomaton après l'avoir testée en atelier et en avoir prévenu l'auteur. C'est ainsi qu'Emmanuel est venu écouter sa pièce lue par des comédiens confirmés dans la cave d'un squatt du 18ème arrondissement; c'est ainsi aussi qu'a débutée une aventure commune oscillant entre amitié et compagnonnage de travail. Cécile Moatti et Emmanuel Dupuis dirigent la structure de production SENDSUDSOU, Cécile codirige par ailleurs le théâtre Essaïon; nous avons pu grâce à cela mener à bien des aventures théâtrales joyeuses et entousiasthes: Courts Scénages, Les Baleines sur la Seine, Trios, Le Grand Loup et la Petite Cuillère...
Nous avions décidé de laisser "le Photomaton" de coté; la pièce étant appréciée d'acteurs ayant une certaine renommée dans le monde théâtral, cela pouvait lui donner une audience plus importante si ceux ci s'en emparaient. Et puis à force d'attendre... Nous avons commencé à travailler dessus quelques jours par mois avec un groupe d'acteur polymorphe, Emmanuel a continué son travail d'auteur, le titre a changé... et, voici quelques mois, Emmanuel et Cécile m'ont proposé de monter, avec SENDSUDSOU et le Collectif Impatience, ce qui est aujourd'hui Saint Lazare Végas sans attendre plus longtemps.
Vous ne saurez rien du contenu de la pièce avant de l'avoir vu, je l'espère, en septembre prochain au théâtre Essaïon où elle sera créée. Vous aurez seulement des éléments contextuels; elle se passe dans une gare et l'un des personnages est un Photomaton. La fondation SNCF a été sollicitée pour aider une classe de CAP chaudronnerie du Lycée Jean Rostand de Mantes la Jolie à fabriquer le photomaton de leur rêve qui figurera sur la scène du théâtre. Les coups de coeur Solidaires de la SNCF financent l'achat du matériel nécessaire à la fabrication et des interventions du scénographe, Gad Cohen, et du metteur en scène, Bibi. Le projet a été exposé à la classe lors d'une première visite le 5 octobre; poussés par leur professeur, Arnaud Eybert Bérard, les élèves se sont tout de suite mis à dessiner les images d'un Las Végas fantasmé, vu par la lorgnette d'internet. Des sources d'inspiration leur ont été donnés: les ébauches de costume réalisés par Lucie Marquis, la costumière du spectacle, des photos d'oeuvre de Jean Michel Basquiat, des masques de carnaval des montagnes suisses, des images d'architecture des casinos de Las Végas... Les dessins réalisés par les élèves pourvoieront à donner des idées pour orner le Photomaton. Celui-ci est destiné à être l'élément central de la scène. Avant cela, il est prévu une présentation du photomaton dans la gare Saint Lazare. Lors de cette première séance, les élèves ont aussi montré toutes les possibilités offertes par leur atelier, notamment en soudure. Puis, après une seconde visite de courtoisie avant les vacances de la Toussaint, Gad Cohen est passé le 2 novembre avec une esquisse de photomaton inspirée des dessins des élèves: un photomaton $ (dollar) surmonté d'une étoile. Il a ensuite travaillé avec les élèves à la faisabilité des dessins choisis destinés à figurer sur le photomaton. Il a pris connaissance de l'atelier et les élèves se sont fait un plaisir de lui montrer leur outillage et son utilisation.

Il faudrait nommer tous les élèves; le travail est stimulant à leur coté. La création de la pièce prend d'autres couleurs. Ils ont très envie de la présentation de leur photomaton dans le hall de la Gare Saint Lazare et attendent le jour de cette installation. L'interlocutrice de la SNCF en a bien conscience mais elle est freinée par les événements récents: une solution doit être trouvée! C'est une obligation morale.
Parallèlement à cette approche scénographique, la distribution avance, pas toujours dans le bon sens mais elle avance. Une comédienne a été rencontrée vendredi 20 novembre; elle serait une assistante sociale parfaite, une femme idéale et pourquoi pas une artiste en résidence? La fabrication se fait comme un puzzle inattendu. Les éléments s'emboîtent souvent par occurence. Un comédien contacté en octobre a décliné la proposition, dommage: son énergie aurait été parfaite pour la pièce; nous serions rentrés dans le jeu sans réfléchir, évitant des écueils de sens. Les garde-fous sont nécessaires pour parler de l'essentiel. Cette question de l'essentiel est lancinante: il devient insaisissable. Peut-être n'a-t-il jamais été saisissable?

lundi 23 novembre 2015

Ecole de la deuxième chance ce matin, mardi 17 novembre 2015, zone d'activité du bois de l'épine sur la commune d'Evry à deux pas de Ris Orangis; nous avons travaillé avec le groupe 69 de 9h15 à 10h45. Le travail a porté sur l'entretien et ce que l'on perçoit de nos défauts et de nos qualités en entretien. C'était un travail en binôme. Chaque binôme prenait un temps privatif pour échanger sur le parcours et le projet professionnel de chacun. Et chaque membre venait passer avec l'identité de l'autre un entretien devant tout le groupe réuni comme une assemblée de recruteurs.
Tout le monde a joué le jeu et notamment le jeu physique de se mettre à la place de l'autre; certains traits se sont révélés. Celle qui parlait un français peu sûr s'est mis à un français quasi fluide dans le plaisir du jeu. Cette autre d'un seul coup s'est tenue physiquement, surmontant une tendance à se laisser aller...
Puis avec le groupe 71, de 11h à 12h30, nous avons tenté d'accepter et de faire accepter. Nous nous sommes confrontés au plaisir de dire oui; cela demande des efforts, nous les avons faits: effort de se plier à des règles dont on a peine à accorder des vertus, effort d'inventer des langages communs... puis nous avons interrompu la séance afin d'observer avec toutes les personnes présentes dans l'établissement la minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre. Le président de l'école de la Deuxième chance de l'Essonne a tenu un discours fort, émouvant et responsable. Tout le monde l'a écouté avec un immense respect et une ferveur sensible. Sentiment et raison, chair et esprit, tout était là. Il opposait le désir de construction qui fonde les écoles de la deuxième chance et l'aspiration qui motive les jeunes à y venir au goût de la destruction, du chaos et de la mort qui anime les terroristes et ceux qui les arment.
Puis nous sommes retournés dans la salle et nous avons rapidement parlé de nos valeurs communes. Nous avons travaillé à dire oui, deux personnes se rencontrent et chacun doit accepter les propositions faites par l'autre: comment construit-on?
De retour au bureau, la décision de créer un blog est prise: le voici commencé.